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La crise sanitaire que nous traversons est révélatrice de la situation des vieux dans notre société : oubli du nombre de décès dans les EHPAD, décisions d’enfermement collectifs, confinement sélectif par âge, ignorance du nombre de personnes mortes à leur domicile...
Tous les jours nous assistons à des prises de parole qui se veulent bienveillantes, mais qui ne donnent jamais la parole aux personnes concernées.
Inutile de pointer du doigt des responsables de cette situation, la responsabilité est collective.
Nous avons délégué aux politiques, au corps médical, aux entrepreneurs la gestion de la vieillesse dans notre société.
Par déni de notre propre vieillesse, par valorisation d’un culte jeuniste, parce que les vieux n’ont plus de valeurs, nous avons laissé-faire, comme si cela ne nous concernait pas.
Par notre manque d’implication nous acceptons de mettre les vieux à part de la société en n’écoutant plus leur faible parole.
Pourtant nous serons tous vieux un jour, et cet environnement qui nous indiffère, nous y serons un jour tous et toutes confrontés, mais il sera trop tard pour pouvoir le changer. Il suffirait pourtant de s’inspirer de ce qui est le mieux dans différents pays européens pour construire un environnement bienveillant et respectueux pour les personnes âgées.
#REVOLUTIONSENIOR est un mouvement citoyen, pour se ré-approprier les choix que nous devons faire pour construire une société bienveillante avec ses vieux.
Alors, exprimez-vous : dites comment vous souhaitez vieillir, dans quel habitat, avec quels services ? Comment recréer les liens avec les personnes isolées? Comment mieux entendre les choix des plus fragiles ? Faites part de vos expériences positives.
La perte d’autonomie ne signifie pas que nous devenons incompétents pour pouvoir exprimer nos choix, nos désirs, nos craintes. Pourtant la parole des vieux n’existe pas. Les décisions qui les concernent sont prises sans les écouter, sans comprendre leurs besoins vitaux. On pense pour eux, ce qui est bien pour eux.
Nous ne pourrons construire un environnement bienveillant pour l’accueil des vieux, que si nous envisageons pour nous-même dans quel environnement nous souhaiterions vieillir.
Reprenons un discours militant, un discours de citoyen pour exprimer dans quel environnement nous voulons vieillir. Ne laissons pas aux politiques, au monde médical, aux entreprises les décisions qui concernent notre propre avenir.
L’image d’Epinal de la vieille dame bien coiffée, assise prés d’une table avec un joli bouquet nous rassure mais la transforme en objet asexué, à laquelle nous ne poserons comme seule question : «Et vous avez eu des enfants ?» Réduire la sexualité des personnes âgées à une époque liée à la procréation, c’est l’amputer de ses désirs, de ses souvenirs, de son histoire.
Non, la sexualité ne devient pas une perversion ou un sujet inapproprié en vieillissant. Que l’on ait ou pas des relations sexuelles, nos pulsions de désir sont toujours là, même si elles ne s’expriment plus.
Pour conserver le désir de vivre, nous devons respecter tous les champs du désir des personnes âgées même si la pression sociale et les représentations transforme les vieux en objets de soin asexués . Le premier organe sexuel n’est-il pas le cerveau ?
Premier secteur en nombre d’accidents du travail, turn-over très important, absence d’évolutions, difficultés de recrutement... et pourtant, malgré tout, la grande majorité d’entre eux, je devrais dire d’entre elles, sont d’un dévouement exemplaire. Dans cette période de crise, certaines sont prêtes à sacrifier toute leur vie personnelle en restant enfermées avec les résidents, sur leur lieu de travail.
Cela ne mérite-t-il pas un peu plus de reconnaissance et une revalorisation de leurs salaires pour leur permettre de vivre correctement ?
Ne peut-on pas imaginer des évolutions de tous ces salariés soit en terme de compétences ou soit en leur permettant d’évoluer sur des publics fragiles différents ?
N’attendons pas que par lassitude, par fatigue, par absence de moyens toutes ces personnes se lassent et finissent par quitter ce secteur. Nous avons besoin, d’eux, d’elles, alors reconnaissons leur travail à leur juste valeur.
Pourtant, avec la perte d’autonomie, progressivement, le domicile devient un lieu d’isolement. Quand on n’a pas la chance d''avoir une famille qui s’occupe de vous, beaucoup de personnes âgées restent seules toute la journée et ne parlent plus à personne. Selon une enquête des Petits Frères des Pauvres, plus de 300 000 vieux sont en situation de mort sociale.
D’autre part, avec la perte d’autonomie, les gestes simples deviennent difficiles et parfois impossibles. Comment répondre à l’interphone ou téléphoner quand on n’entend plus ? Comment aller faire ses courses quand son appartement est au 4ème étage sans ascenseur ou que l’on vit dans un pavillon loin des commerces.
Bien sûr, beaucoup de services existent : livraisons de repas, aide au ménage, soins infirmiers... mais tout un tas de tâches ne sont pris en charge par personne : démarches administratives, réparer un robinet qui fuit, acheter un nouveau frigo, retirer de l’argent au distributeur...
La suppression de tous les guichets auxquels on pouvait s’adresser rend impossible tout un tas de démarches pour les personnes qui ne savent pas ou qui ne peuvent plus utiliser internet.
Ainsi, que l’on ait une famille ou pas, un jour vous entendez :«Tu ne peux plus rester seul-e chez toi, ce n’est pas prudent...». Vous êtes déclaré incompétent pour vivre seul et parfois cela va jusqu’à la mise sous tutelle.
Rester et mourir chez soi devrait pourtant être un droit, mais pour cela il faut imaginer des plateformes de proximité qui permettent d’organiser et de coordonner tous les intervenants au domicile en s’adaptant progressivement à l’autonomie de la personne et en respectant ses choix jusqu’à sa mort.
La perte d’autonomie est souvent le signal de la recherche, par les proches, d’une place, d’un lieu où vous irez vivre et dans lequel vous devrez vous plier aux règles de la collectivité. C’est souvent un moment d’une grande violence, où l’on doit se résigner à abandonner notre ancienne vie faite d’habitudes, de souvenirs, d’un rythme de vie qui nous appartient.
De plus, l’entrée dans une institution de type EHPAD pose le problème de leur prix qui est la plupart du temps sans aucun rapport avec les revenus des personnes âgées.
Alors pourquoi ne pas imaginer d’autres formes d’habitats ? Des habitats à taille humaine, dans lesquels on retrouve des personnes avec qui on a envie de vieillir et qui soient accessibles en terme de prix, proches de chez nous et de notre cadre de vie habituel.
Le 1er avril dernier, GreyPRIDE devait ouvrir son premier appartement partagé dans Paris, avec l’aide de la RIVP et de la Mairie de Paris. appartement dans lequel 5 personnes se cooptent pour décider de vivre ensemble. Basé sur le concept d’affinité, qui est la base de la mise en place d’un projet de vie solidaire et dans lequel les locataires fixent eux-même les règles du «bien vivre ensemble».,
En Europe et en France , d’autres formes d’habitats existent mais restent pour l’instant confidentiels. Citons les MARPA, les Petites Unités de Vie, proposées par les Petit Frères des Pauvres ou la maison de Thil pour les personnes atteintes par la maladie d’alzheimer (https://www.petitsfreresdespauvres.fr/informer/nos...) ou le projet GayFriendly porté par RAINBOLD.
Il est impératif d’abandonner le modèle des établissements regroupant des centaines de personnes âgées, le plus souvent construits en rase campagne. Ce modèle n’est dicté que par les contrôleurs de gestion qui souhaitent en faire des centres de profits rentables. Privilégions le choix de chacun à vivre où il souhaite, avec les personnes de son choix pour un coût raisonnable. Mettons des couleurs dans l’habitat, les couleurs de nos vies !
Cette expérience, doit nous faire comprendre ce que vivent des milliers de personnes âgées au quotidien ; des centaines de milliers de vieux en situation de mort sociale, bien avant que le coronavirus vienne rajouter à cet isolement.
Nos liens sociaux s’estompent peu à peu : nos collègues de travail quand on arrive à l’âge de la retraite, puis nos amis qui disparaissent et parfois même notre famille qui ne vient plus nous voir ou qui passe un coup de fil tous les mois pour se donner bonne conscience.
La difficulté à se déplacer, la perte de l’audition ou de la vue, nous enferment progressivement dans une salle d’attente, antichambre de la mort.
Les gestes les plus simples perdent de leur importance : s’intéresser au monde extérieur, se faire à manger, se laver, s’occuper de sa santé.
Pour avoir envie de vivre, il nous faut à tout prix conserver le désir de vivre. Ce désir, c’est notre entourage qui nous le donne, qui nous pousse à trouver des zones de plaisir pour vivre ou qui nous bouscule pour nous faire réagir.
Même dans les établissements d’accueil des personnes âgées se phénomène persiste. Bien sûr il y a du monde qui s’occupe de vous, qui vous nourrit, vous lave... Mais l’essentiel n’est plus là : quelqu’un qui vous caresse les cheveux, qui vous interroge sur votre journée, qui vous demande pourquoi vous avez une larme à l’oeil.... 30% des personnes en institution seraient dépressives.
Pourtant, nous habitons tous, près d’une personne âgée. Lui parler, s’intéresser à sa vie, la caliner... ce n’est pas très compliqué ; mais nous ne savons plus faire.
L’isolement est le moteur de la perte d’envie de vivre : on perd ses désirs, on néglige son apparence, sa santé pour se laisser glisser dans le néant et s’éteindre doucement.
Nul besoin de professionnels pour remédier à l’isolement, nous pouvons tous faire quelque chose, simplement en étant attentif et en consacrant un peu de notre temps pour ne pas laisser les vieux tout seuls.
Dans la crise actuelle les messages gouvernementaux s’adressent à une supposée collectivité de personnes vieilles à laquelle on applique les mêmes règles.
Sans distinction de leurs problèmes de santé, de leur autonomie, de leur lieu d’habitat, seul l’âge devient la caractéristique de cette population.
Ce regard, qui uniformise cette population les conduit au désespoir et à la perte d’envie de vivre.
Le système de protection (tutelle, curatelle...) est surtout là pour protéger les biens et non pas les individus., Il accentue la perte d’autonomie et est ressentie comme la mise en place d’une dépendance de plus imposée par la personne sensée nous protéger.
Pourtant respecter les choix et individualiser les réponses est une nécessité si l’on veut parler de bien-traitance.
Même dans le respect de nos choix concernant notre fin de vie : avec quel accompagnement, chez soi ou à l’hôpital, les vieux ne sont pas entendus, dès l’instant ou l’on se retrouve seul et que l’on n’a personne pour faire entendre notre voix.
Nous ne devons pas devenir seulement un vieux, dans le regard de ceux qui s’occupent de nous, mais rester une personne avec son histoire, ses choix, son orientation sexuelle, ses peurs et ses désirs.